La trilogie de la crise grecque de Pétros Márkaris
Revenir d’Athènes c’est avoir les yeux éblouis du soleil sur les pierres de l’Acropole… en tous cas quand on suit les circuits des tour operators.
Remonter la rue Ermoú jusqu’au Kerameikos, c’est aussi se promener dans une Athènes pour touristes. On frôle les quartiers interlopes du côté de Monastiráki, un petit frisson et zou ! on retrouve la quiétude d’un hôtel bien frais.
Images d’archives, d’un temps révolu ? Oui, pour le moment en tout cas. Il suffit de franchir la rue Ermoú vers le nord et d’entrer un peu plus dans Psyrí pour rencontrer la misère.
La crise économique a durement frappé ces quartiers où les maisons se ruinent, les boutiques sont fermées, les drogués se meurent. Revenir sur ces années noires serait vain, comme savoir qui avait tort ou raison des pouvoirs politiques ou de Varoufákis. Beaucoup de Grecs en sont morts, cela suffit à l’analyse.
Au fil de quatre romans policiers se déroulant dans Athènes (le dernier servant d’épilogue à la « trilogie »), Pétros Márkaris nous guide dans les rues de la ville en compagnie du Commissaire Charitos.
On parcourt même Athènes au point de sentir le besoin d’un plan !
On parcourt surtout l’étendue des dégâts et des souffrances subis par les Grecs dont les salaires ont été divisés 2 voire 3 sous la pression de la « troïka ».
Comment ne pas en vouloir à toutes les forces politiques ? Comment ne pas rêver à l’hypothèse d’une sortie de l’Europe ? Elle n’aurait pas été plus meurtrière.
Bien entendu, il y a des intrigues, ce sont des romans policiers après tout. Mais c’est le cri de colère à l’unisson qui reste.
JP
Pétros Márkaris, né en 1937 à Istanbul d’une mère grecque et d’un père arménien, vit à Athènes. Auteur dramatique, traducteur (de Brecht et de Goethe), scénariste de Theo Angelopoulos, il est la voix de son pays et appartient à la famille des auteurs de romans policiers en colère, comme Mankell et Montalbán.